Économies d'énergie / Il est crucial d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, malgré les affirmations scandaleuses de la COP28 :

Il est crucial d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, malgré les affirmations scandaleuses de la COP28 :

Selon le président de la COP28, le dernier cycle de négociations de l’ONU sur le climat aux Émirats arabes unis, il n’existe « aucune donnée scientifique » indiquant que l’élimination progressive des combustibles fossiles est nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Le président Sultan Al Jaber a tort. Il existe une multitude de preuves scientifiques démontrant qu’une élimination progressive des combustibles fossiles sera essentielle pour maîtriser les émissions de gaz à effet de serre qui sont à l’origine du changement climatique. Je le sais parce que j’en ai publié une partie.

En 2021, juste avant le sommet sur le climat COP26 à Glasgow, mes collègues et moi avons publié un article dans Nature intitulé Combustibles fossiles inextractibles dans un monde à 1,5°C. Il a fait valoir que 90 % du charbon mondial et environ 60 % du pétrole et du gaz doivent rester sous terre si l’humanité veut avoir une chance d’atteindre les objectifs de température de l’accord de Paris.

Surtout, nos recherches ont également mis en évidence que la production de pétrole et de gaz devait commencer à décliner immédiatement (à partir de 2020), d’environ 3 % par an jusqu’en 2050.

Cette évaluation reposait sur une compréhension claire que la production et l’utilisation de combustibles fossiles, en tant que principale cause des émissions de CO₂ (90 %), doivent être réduites afin de mettre un terme au chauffage supplémentaire. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme que les émissions nettes de CO₂ ne seront atteintes à l’échelle mondiale qu’au début des années 2050 et que le réchauffement se stabilisera à 1,5°C, si l’on commence immédiatement à abandonner les combustibles fossiles au profit de sources d’énergie à faibles émissions de carbone.

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Si les émissions mondiales et la consommation de combustibles fossiles continuent à leur rythme actuel, ce niveau de réchauffement sera dépassé d’ici 2030.

Depuis la publication de notre article Nature, les scientifiques ont modélisé des centaines de scénarios pour explorer les options mondiales permettant de limiter le réchauffement à 1,5°C. Beaucoup figurent dans le dernier rapport du GIEC. Voici ce qu’ils nous disent sur l’ampleur nécessaire de l’élimination progressive des combustibles fossiles.

La consommation de combustibles fossiles doit diminuer rapidement

Un article récent dirigé par le scientifique atmosphérique Ploy Achakulwisut a examiné en détail les scénarios existants visant à limiter le réchauffement à 1,5°C. Pour atteindre une trajectoire compatible avec 1,5°C, l’offre de charbon, de pétrole et de gaz devra diminuer respectivement de 95 %, 62 % et 42 %, entre 2020 et 2050.

Cependant, bon nombre de ces voies supposent des taux de captage et de stockage du carbone ainsi que d’élimination du dioxyde de carbone susceptibles d’être supérieurs à ce qui pourrait être réalistement atteint. En filtrant ces scénarios, on constate que le gaz doit en réalité être éliminé deux fois plus vite, avec une baisse de 84 % en 2050 par rapport aux niveaux de 2020. Le charbon et le pétrole connaîtraient également des baisses plus importantes : respectivement 99 % et 70 %.

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En fait, il faudra peut-être éliminer le pétrole et le gaz encore plus rapidement. Une étude réalisée par l’économiste de l’énergie Greg Muttitt a montré que bon nombre des voies utilisées dans le dernier rapport du GIEC supposent que le charbon peut être éliminé progressivement dans les pays en développement plus rapidement qu’il n’est réaliste, compte tenu de la vitesse des transitions énergétiques les plus rapides de l’histoire. Un scénario plus réalisable obligerait notamment les pays développés à abandonner plus rapidement le pétrole et le gaz.

Une transition juste et ordonnée

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a renforcé les arguments en faveur de l’élimination progressive des combustibles fossiles en concluant qu’il n’est pas nécessaire d’autoriser et d’exploiter de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, d’abord dans un rapport de 2021, puis à nouveau cette année.

Cette dernière analyse de l’AIE estime également que les champs de pétrole et de gaz existants devraient réduire leur production de 2,5 % par an en moyenne jusqu’en 2030, puis de 5 % par an à partir de 2030 (et de 7,5 % pour le gaz entre 2030 et 2040).

Une analyse distincte des scénarios du GIEC visant à maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C est arrivée à la même conclusion. Puisqu’il n’est pas nécessaire de développer de nouveaux gisements, la production mondiale de pétrole et de gaz devrait diminuer.

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Ce message a été renforcé par le récent rapport de l’ONU sur les écarts de production, qui conclut que les pays producteurs, dont les Émirats arabes unis, doivent s’orienter vers une élimination rapide des combustibles fossiles, et non vers une augmentation de leur production. Au lieu de cela, le rapport estime qu’en termes de CO₂, la production prévue de combustibles fossiles en 2030 devrait être 110 % supérieure à la trajectoire d’élimination progressive requise pour atteindre 1,5°C.

Les preuves d’une élimination progressive des combustibles fossiles sont claires. Le débat devrait maintenant porter sur sa mise en œuvre.

Une transition juste et ordonnée des combustibles fossiles doit reconnaître les capacités différentes des pays : les pays en développement sont plus dépendants économiquement des combustibles fossiles et disposent de moins d’argent pour passer à des technologies plus propres. Certains investissements dans le pétrole et le gaz seront nécessaires pour les infrastructures existantes. Cela permettrait de maintenir le niveau minimum de production nécessaire à une transition soigneusement gérée. Toutefois, dans l’ensemble, les combustibles fossiles devraient désormais connaître un déclin rapide.

Les pays riches doivent éliminer progressivement les combustibles fossiles dès maintenant et lever les fonds nécessaires pour aider les pays en développement à effectuer la transition.

Steve Pye, professeur agrégé en systèmes énergétiques, UCL

Cet article est republié à partir de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lisez l’article original.

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Rédigé par : Elodie Ricolm
Bonjour ! Je m'appelle Elodie, j'ai 32 ans et je suis rédactrice web. Passionnée d'écologie, j'aime trouver des astuces pour un quotidien plus respectueux de l'environnement.